MONOLITH LAW OFFICE+81-3-6262-3248Jours ouvrables 10:00-18:00 JST[English Only]

MONOLITH LAW MAGAZINE

General Corporate

Titre de l'article : "Résolutions du conseil d'administration dans le droit des sociétés japonais : disposition d'actifs importants et endettement conséquent"

General Corporate

Titre de l'article :

Au sein des sociétés par actions japonaises, le représentant directeur dispose d’un large éventail de pouvoirs et exécute les opérations de l’entreprise. Cependant, il n’est pas approprié de laisser la décision de certaines actions susceptibles d’avoir un impact significatif sur la base de gestion et la situation financière de l’entreprise à la seule discrétion du représentant directeur. Par conséquent, la loi sur les sociétés au Japon (会社法) exige que les décisions concernant ces actions soient prises après délibération et résolution par le conseil d’administration, composé de tous les directeurs, afin d’assurer une prise de décision prudente et de protéger les intérêts de l’entreprise. Ce mécanisme est fondamental pour une gouvernance d’entreprise saine. En pratique, les questions qui se posent fréquemment concernent la « disposition et l’acquisition d’actifs importants » et les « emprunts substantiels ». Ces termes ne sont pas définis par des montants spécifiques dans la loi, donc leur interprétation a été laissée à la discrétion des tribunaux. Cet article commence par expliquer en détail ce que signifient ces résolutions importantes, en se basant sur la jurisprudence japonaise. Ensuite, nous examinerons en profondeur les conséquences juridiques de ces actions si elles sont menées sans la résolution du conseil d’administration, tant du point de vue de leur validité légale (effet externe) que de la responsabilité des directeurs impliqués (responsabilité interne). À travers cette analyse, nous offrons une compréhension globale de l’importance du processus de prise de décision du conseil d’administration et des risques juridiques associés, essentiels pour mener des affaires au Japon.

Les décisions du conseil d’administration sur les questions importantes requises légalement au Japon

La loi japonaise sur les sociétés impose aux entreprises dotées d’un conseil d’administration de réserver à ce dernier le pouvoir de décider de certaines questions importantes. L’article 362, paragraphe 4, de la loi japonaise sur les sociétés interdit explicitement de déléguer la décision sur des « exécutions d’opérations importantes » qui touchent au cœur de la gestion de l’entreprise à des directeurs individuels . L’objectif de cette disposition est d’éviter les jugements de gestion arbitraires par des individus spécifiques, tels que le directeur représentatif, et de préserver les actifs de l’entreprise et d’assurer la santé de sa gestion par le biais de délibérations prudentes au sein d’un organe collégial composé de tous les directeurs .  

Les questions que l’article mentionné ci-dessus énumère et qui ne peuvent pas être déléguées aux directeurs incluent les suivantes .  

  • Disposition et acquisition d’actifs importants
  • Emprunt de sommes importantes
  • Nomination et révocation des gérants et autres employés clés
  • Établissement, modification et abolition de succursales ou d’autres structures organisationnelles importantes

Ces questions ont un impact direct sur les actifs de l’entreprise, sa trésorerie, son personnel et sa structure organisationnelle, rendant ainsi indispensable une décision collective au sein du conseil d’administration. Cet article se concentre en particulier sur deux de ces questions qui jouent un rôle central dans les activités financières et les stratégies d’actifs des entreprises : la « disposition et acquisition d’actifs importants » et l’« emprunt de sommes importantes », en expliquant leurs critères de jugement spécifiques et leur signification juridique.

Critères de jugement pour la « disposition et l’acquisition de biens importants » sous le droit des sociétés japonais

L’article 362, paragraphe 4, point 1 de la loi japonaise sur les sociétés ne contient pas de critère monétaire spécifique pour la notion de « disposition et acquisition de biens importants ». Par conséquent, il est nécessaire de juger si une transaction portant sur un bien est « importante » ou non au cas par cas, et cette interprétation a longtemps été laissée à la discrétion des tribunaux.

La directive la plus autoritaire sur ce point a été établie par la décision de la Cour suprême du 20 janvier 1994 (Heisei 6). Cette décision a clarifié que le jugement de l’« importance » ne devrait pas se faire sur la base d’un critère unique, mais plutôt en prenant en compte de manière globale plusieurs éléments. Les critères de jugement énoncés par le tribunal sont les suivants :

  1. La valeur du bien concerné : il s’agit du montant absolu de la propriété faisant l’objet de la transaction.
  2. La proportion dans l’actif total de la société : cela indique la valeur relative du bien par rapport à la taille financière de l’entreprise. C’est un indicateur de l’importance quantitative.
  3. L’objectif de détention du bien : c’est un élément qui évalue l’aspect qualitatif. Par exemple, une usine utilisée par l’entreprise pour son activité principale ou un droit de brevet sur une technologie clé peut être jugé stratégiquement « important » par rapport à un bien immobilier d’investissement de même valeur.
  4. La manière de disposer du bien : la méthode de disposition du bien est également prise en compte. Par exemple, une disposition gratuite telle qu’un don ou une donation, qui implique un flux sortant de l’actif de l’entreprise, peut être considérée comme une disposition « importante » même pour un montant inférieur, par rapport à une vente au prix du marché.
  5. Le traitement habituel dans l’entreprise : la manière dont l’entreprise a traité des transactions similaires dans le passé est également un élément de jugement.

Ce cadre de jugement multidimensionnel signifie que les entreprises ne peuvent pas se reposer sur des critères formels tels que « c’est moins de X % de l’actif total, donc c’est acceptable ». Au contraire, il est extrêmement important pour la gestion des risques de gouvernance que les entreprises elles-mêmes établissent à l’avance des critères rationnels et clairs, par exemple dans leur règlement intérieur ou leur procédure de conseil d’administration, pour déterminer quelles transactions doivent être soumises à la résolution du conseil d’administration.

Critères de jugement pour les « dettes importantes » sous le droit des sociétés japonais

Tout comme pour les “biens importants”, l’article 362, paragraphe 4, point 2 de la loi japonaise sur les sociétés ne fournit pas de critère monétaire clair pour définir ce qui constitue une « dette importante ». L’interprétation de ce terme s’est formée au fil des décisions de justice, notamment celle du Tribunal de district de Tokyo en date du 17 mars 1997 (1997). Cette décision a établi qu’il convient de prendre en compte de manière globale les éléments suivants pour déterminer si une dette est considérée comme « importante » :

  1. Le montant de la dette concernée : il s’agit du montant absolu de l’emprunt ou de la garantie de dette.
  2. La proportion de cette dette par rapport à l’actif total et au bénéfice ordinaire de la société : on évalue non seulement la taille de l’actif de la société, mais aussi la taille relative de la dette par rapport à sa capacité de génération de revenus.
  3. L’objectif de la dette concernée : l’usage des fonds et ce qu’il signifie pour l’entreprise et ses activités.
  4. Le traitement habituel de la dette au sein de l’entreprise : les pratiques internes en matière de financement et de garanties passées.

Dans le cas jugé par cette décision, il était question de savoir si une réserve de garantie solidaire de 1 milliard de yens effectuée par une entreprise (Y) pour une société affiliée (A) constituait une « dette importante ». Bien que la part de la garantie de 1 milliard de yens dans l’actif total de Y ne représentait que 0,51%, la cour a souligné que cette somme représentait 7,75% du capital social et surtout 24,6% du bénéfice ordinaire. De plus, il a été noté que le règlement du conseil d’administration de Y stipulait lui-même que les « obligations de garantie de plus de 500 millions de yens » devaient être approuvées par le conseil d’administration.

Ce qui est remarquable dans cette décision, c’est que la cour a pris en compte non seulement l’actif total, un indicateur statique du bilan, mais aussi le bénéfice ordinaire, un indicateur dynamique du compte de résultat. Cela montre l’approche judiciaire qui privilégie l’évaluation de l’impact d’une dette non seulement en termes de taille de l’entreprise, mais aussi en termes de capacité de remboursement de la dette, d’effet sur la rentabilité et donc de risque pour la continuité de l’activité. Une dette qui peut sembler petite par rapport à la taille de l’actif, mais qui exerce une pression importante sur les bénéfices de l’entreprise, peut donc être considérée comme une « dette importante ».

Comparaison des critères de jugement

Les critères de jugement des tribunaux japonais concernant les deux résolutions importantes mentionnées précédemment présentent de nombreux points communs, mais aussi des différences significatives. Comparer ces critères permet de mieux comprendre comment les tribunaux japonais évaluent les questions cruciales pour les entreprises. Le tableau ci-dessous organise les deux ensembles de critères de jugement.

Élément de jugementDisposition et acquisition d’actifs importants (Décision de la Cour suprême du Japon, 20 janvier 1994)Endettement important (Décision du Tribunal de district de Tokyo, 17 mars 1997)
Aspect quantitatifValeur des actifs, proportion par rapport au total des actifs de la sociétéMontant de la dette, proportion par rapport au total des actifs et aux bénéfices ordinaires, etc.
Aspect qualitatifObjectif de détention des actifs, nature de l’acte de dispositionObjectif de l’endettement
PratiqueTraitement habituel au sein de l’entrepriseTraitement habituel au sein de l’entreprise

Comme le montre cette comparaison, les cadres de jugement des deux cas sont constitués de trois piliers : l’aspect quantitatif, l’aspect qualitatif et les pratiques internes de l’entreprise, ce qui démontre que les tribunaux japonais adoptent une approche cohérente pour appréhender ces problématiques. La principale différence réside dans l’évaluation de l’aspect quantitatif, où, dans le cas d’un « endettement important », un indicateur de rentabilité tel que les « bénéfices ordinaires, etc. » est ajouté. Cela suggère que les tribunaux reconnaissent précisément la différence fondamentale entre la disposition d’actifs, qui est un acte ponctuel affectant principalement le bilan, et l’endettement, qui implique des paiements d’intérêts continus et a un impact à long terme sur la trésorerie et la structure des bénéfices de l’entreprise. Cette approche flexible et adaptée aux circonstances reflète la maturité des décisions judiciaires dans la gouvernance d’entreprise au Japon.

L’efficacité des transactions sans résolution du conseil d’administration (Impact externe) sous le droit japonais

Lorsqu’un représentant directeur exécute des transactions telles que la disposition d’actifs importants ou l’endettement conséquent sans la résolution requise du conseil d’administration, ces contrats de transaction sont-ils légalement valides ? Cette question met en lumière le conflit entre les imperfections des procédures internes d’une entreprise et la protection de la confiance des contreparties.

La position de base des tribunaux japonais sur ce point a été établie par la décision de la Cour suprême du Japon en date du 22 septembre 1965 (1965). Selon cette décision, les transactions effectuées sans résolution par le représentant directeur sont, malgré l’absence de processus de décision interne, considérées comme valides en principe. C’est un principe important pour protéger les tiers qui ont cru en la légitimité de l’autorité du représentant directeur pour représenter la société et pour assurer la sécurité des transactions.

Cependant, il existe une exception significative à ce principe. Si la contrepartie de la transaction savait qu’il n’y avait pas de résolution du conseil d’administration (malveillance) ou était négligente dans son ignorance de cette absence (faute), alors la transaction est invalide. Cette doctrine est souvent expliquée par une application par analogie de l’article 93 du Code civil japonais et est appelée la “théorie de l’invalidité relative”.

Ce que signifie cette doctrine, c’est qu’une certaine obligation de diligence est imposée aux contreparties des transactions, en particulier aux opérateurs professionnels tels que les institutions financières et les sociétés immobilières. Lorsqu’une transaction est jugée « importante » ou « conséquente » d’un point de vue objectif, il ne suffit pas pour la contrepartie de prétendre simplement qu’elle ne savait pas ; elle est censée faire preuve de la diligence nécessaire, comme vérifier les procès-verbaux du conseil d’administration, pour s’assurer de l’existence ou non d’une résolution. Dans la décision du Tribunal de district de Tokyo du 17 mars 1997, ce point précis a été contesté, et le tribunal a reconnu que la banque qui avait conclu un contrat de garantie de 1 milliard de yens avait été négligente en ne vérifiant pas l’existence d’une résolution, et a déclaré la garantie invalide.

Il convient de noter que, en principe, seule la société elle-même peut invoquer cette invalidité, et il n’est pas permis à la contrepartie de la transaction de revendiquer l’invalidité pour son propre bénéfice.

La responsabilité des directeurs (Impact interne) sous le droit japonais

Les conséquences juridiques d’une transaction effectuée sans la résolution du conseil d’administration ne se limitent pas à la validité externe de la transaction. Plus directes et graves sont les responsabilités que les directeurs impliqués encourent au sein de l’entreprise.

L’article 423, paragraphe 1, de la loi japonaise sur les sociétés stipule que si un directeur manque à ses devoirs (négligence dans l’exercice de ses fonctions) et cause ainsi un préjudice à la société, il est responsable de réparer le dommage causé . Ignorer délibérément la procédure légale d’une résolution du conseil d’administration pour exécuter des opérations importantes constitue clairement une telle négligence .  

Cette responsabilité ne se limite pas uniquement au directeur représentant qui a effectué la transaction. Les autres directeurs, en tant que membres du conseil d’administration, ont également un devoir de surveillance sur l’exécution des opérations par les autres directeurs. Par conséquent, les autres directeurs qui ont reconnu ou auraient dû reconnaître un acte de dépassement d’autorité par le directeur représentant, mais qui l’ont négligé, peuvent également être tenus responsables de réparer le dommage en tant que violation de leur devoir de surveillance.  

L’importance de ce devoir de surveillance des directeurs a été soulignée à plusieurs reprises dans la jurisprudence japonaise, à travers des affaires célèbres telles que le procès représentatif des actionnaires de la Banque Daiwa. Ces précédents montrent que les directeurs ont un devoir actif de mettre en place un système de contrôle interne efficace pour assurer la conformité avec les lois et de superviser son bon fonctionnement . Une attitude passive consistant simplement à ne pas participer à des actes répréhensibles est insuffisante, et les excuses telles que « je ne savais pas » ou « ce n’était pas de ma responsabilité » ne sont généralement pas acceptées.  

De plus, cette responsabilité de réparation du dommage est solidaire. Cela signifie que chaque directeur responsable doit assumer l’obligation de réparer l’intégralité du préjudice subi par la société, ce qui peut entraîner des conséquences extrêmement lourdes pour les directeurs individuellement.  

Résumé

Tel qu’expliqué dans cet article, sous le droit des sociétés japonais, des décisions du conseil d’administration sont légalement requises pour l’exécution d’opérations affectant l’essence même de l’entreprise, telles que la « disposition et l’acquisition d’actifs importants » ou l’« endettement conséquent ». L’interprétation de ces termes repose sur des critères multidimensionnels formés par la jurisprudence, exigeant une évaluation substantielle plutôt que formelle, adaptée aux circonstances individuelles. En cas de non-respect de ces exigences légales, une entreprise fait face à un double risque. D’une part, il y a le risque externe que le contrat puisse être déclaré nul si la contrepartie agit de bonne foi et sans faute. D’autre part, il y a un risque interne plus grave : les directeurs impliqués dans une exécution illégale des opérations, ainsi que ceux qui l’ont ignorée, peuvent être tenus responsables de dommages-intérêts considérables envers la société. La gestion appropriée de ces risques est un enjeu de gestion essentiel pour toutes les entreprises opérant au Japon.

Le cabinet d’avocats Monolith possède une solide expérience dans le soutien à une multitude de clients, tant nationaux qu’internationaux, en matière de gouvernance d’entreprise japonaise. Notre cabinet compte plusieurs avocats qualifiés en droit étranger et anglophones, capables d’expliquer avec précision les exigences complexes de la loi japonaise sur les sociétés dans un contexte commercial international et de fournir des conseils pratiques. Nous sommes entièrement équipés pour soutenir votre entreprise dans la gestion des opérations du conseil d’administration, la diligence raisonnable juridique liée aux décisions importantes et la gestion des risques de responsabilité des dirigeants, afin de garantir que vos activités au Japon se déroulent sans heurts et en conformité avec la législation.

Managing Attorney: Toki Kawase

The Editor in Chief: Managing Attorney: Toki Kawase

An expert in IT-related legal affairs in Japan who established MONOLITH LAW OFFICE and serves as its managing attorney. Formerly an IT engineer, he has been involved in the management of IT companies. Served as legal counsel to more than 100 companies, ranging from top-tier organizations to seed-stage Startups.

Retourner En Haut